Depuis la colonisation, comment a évolué le système de santé en RD du Congo ?
« C’est une question très délicate d’autant que je suis né après l’indépendance. Cela étant, l’histoire nous relate que, jusqu’à l’indépendance, et même après, le système des soins de santé en RD du Congo était un des plus performant d’Afrique. D’autres pays africains transféraient leurs malades jusqu’en RD du Congo pour qu’ils y soient soignés. Ce système assurait alors une couverture sanitaire presque totale dans le pays. Les taux de décès et de morbidité (maladies) étaient maîtrisés.
Après l’indépendance, le pays a continué à ressentir les effets bénéfiques de cette organisation des soins. Avec la conférence d’Alma Ata (1978), les soins de santé primaires ont été introduits pour atteindre l’objectif ambitieux de santé pour tous.
En RD du Congo, les soins de santé primaires ont trouvé leur terrain d’application au sein de la Zone de Santé.
Une zone de santé en RD du Congo
C’est une unité opérationnelle des soins de santé primaires. C’est donc une entité géographique de 80.000 à 100.000 habitants qui comprend un Hôpital Général de Référence (qui assure les soins de second échelon) autour duquel il y a une constellation de 15 à 20 centres de santé (qui assurent les soins de santé du premier échelon). Il y a également un bureau central de coordination avec un médecin chef de zone, un comité de gestion et un conseil d’administration.
Mais, dès les années 80, le système a commencé à se désarticuler pour finalement arriver au dysfonctionnement complet après les pillages de 1991.
A l’heure actuelle, avec la crise socio-économique, il est très difficile pour la population de prendre en charge les soins de santé nécessaires. Pour pallier au dysfonctionnement du système de santé, l’Etat congolais, à travers le Ministère de la Santé, a mis en place une stratégie nationale pour la santé : la Stratégie de Renforcement du Système de Santé. A travers cette Stratégie, le gouvernement congolais, pour qui la santé fait partie de ses cinq priorités, compte exécuter le Plan National de Développement Sanitaire qui vient d’être élaboré.
Fort est de constater que les ONG et les acteurs multilatéraux ont favorisé, dans le passé, des interventions verticales orientées sur des maladies spécifiques (source de gros financements). Avec cette nouvelle Stratégie, les financements sont mis dans un basket-funding (panier commun), une meilleure coordination est instaurée et l’approche verticale fait place à une approche horizontale.
Memisa a adhéré à cette Stratégie car elle correspond à son approche centrée sur un développement endogène avec une responsabilisation des partenaires locaux: elle favorise le transfert des compétences, la fonctionnalité de la zone de santé et prévoit également la participation de la population, de l’analyse des problèmes jusqu’à la prise de décisions.
Bien entendu, il est de la responsabilité du gouvernement congolais d’augmenter son enveloppe budgétaire allouée à la santé : actuellement, moins de 5 % sont prévus et seulement la moitié est réellement décaissée. »
Comment voyez-vous l’avenir des soins de santé en RD du Congo?
« Aujourd’hui, le gouvernement congolais prend conscience de l’état de santé de sa population et semble exprimer une volonté de remédier aux problèmes prioritaires. Il y a une véritable volonté politique exprimée mais les défis sont immenses. Seul, le gouvernement ne pourra pas s’en sortir. Il a besoin de ses partenaires. »